Le crâne ancestral
Cap Frehel mer nuages

Muse Troisième E.G.



par Greg.H

Δ






Tant de mérites te reviennent
Toi qui as soutenu avec bravoure
Et qu’à cela ne tienne
L’aile d’une passion écrasante.
Toi qui ouvris toujours ta porte à la danse
De l’inexorable revenu, bohémien ému
Tout accompagné de sa désespérance.

Toi qui d’une main heureuse
Retirais les échardes au cœur,
Et riais des nouveaux malheurs
En effeuillant ce pauvre chardon.

Ô combien ton rire apaise
Le chagrin profond,
Comme il résonne dans l’immense réticence de l’âme.

*

C’est le marché au matin, le thé au caramel et la tartine de miel.
L’odeur brûlée du pain et celui du premier tabac.
La rue commerçante est animée, les racoleurs de ménagères
Les vendeurs de poulet, d’hydromel ou de Calva et de choux-fleurs…
Tous sont là. La basilique sonne et
Le feu du midi dévore le matin.

*

Lion-sur-Mer et Douvres-la-Délivrande,
Revoilà la grise Manche sous sa coupe ombragée
Voûte que se partagent l’ange protecteur et le démon salin.

Ciel et vent d’un novembre marin.

A la main l’amante, la petite chérie
Fille du pays, physique fidèle à la légende.
Son front pâle est constellé d’étoiles
Et sa peau de grains à souhait…

A la main la charmante, la petite chérie
Et qui me supplie : Ne pars pas encor,
Il m’en reste à donner,
De cet amour qu’il nous faut consumer !

*

Toi qui aurais tant voulu de ce céleste mariage
Entre l’amour et l’éternel.

Toi, tu as reçu la part de l’amante.

Reçu aussi,
Le baiser qu’on voudrait retenir toujours
Et qu’une larme de pierre sépare.

Ô combien j’ai pleuré mes départs !

Ma main arrachée à ton doux visage
Et mon regard à ton image.
Ton image sur fond de gare
Qui s’en va et qui va pour se fondre à la foule.

Foule absorbée par le paysage qui grandit
Paysage qui se replie dans un recoin d’horizon
Et de ronde en ronde la terre ensevelit
Notre petit monde et je fuis.

*

Âme libertine et bout de cœur,
Enfin libérés de notre commun supplice.
Je t’abandonne à mon ange, il sera ton souffle,
La fleur de lys apparut dans tes prières.

J’irai un moment sans lui,
Comme un chien errant dans la nuit.
Sans l’ange,
J’entrerai sans lumière
Dans une mélancolie profonde
Et me tiendrai mortel, ainsi
Contre le garde fou
D’un fleuve où bouillonnent des ombres
Et guetterai à l’horizon
Son auréole retour
Comme le levé d’un soleil.

Il me dirait tes bonnes nouvelles,
Et j’irai le jour revenu
Revivre enfin…

Greg.H, Avril 2004



Avril 2004 lipsheim.org