Greg.H exil en nuit



Sommeil paradoxal

Cinq poèmes

par David de Tautavel

Δ





Ma cabane est bariolée,

Ma cabane est bariolée,
à gauche, à droite,
J'y attache des tissus verts ou jaunes,
des écorces et des tapis,
Et je t'invite à quelque dîner envoûté.

 

Pour quelques lopins de terre,

Pour quelques lopins de terre,
Pour quelques figues mal cuites,
Je ronchonne comme un cochon
à la recherche d'une autre vue
D'une autre vue sur la berge.

L'antre du chien aux mille trèfles
Aux mille éclats de rose ensorcelée
Je rumine mon désespoir,
Je cogne aux portes du ciel,
Devant ta porte,
Je dépose ces quelques fleurs.

 

Le végétal me guète

Je suis à l'infâme fossile
Dans la boue morte des yeux
Et la main rêche des choses
Encore une fois, le végétal me guète.

Et moi, et moi,
Tétanisé, je laisse flâner ma pensée
Comme l'écume,
Encore une fois, le végétal me guète.

 

Sa Majesté la Neutralité

Elle est là, ferme et silencieuse,
Maussade et vaporeuse,
Elle se tient droit et ne répond rien
Et pourtant elle parle, déjà

La position la plus acrobatique qui soit
Inspire un équilibre ultime
Elle ne répond rien et pourtant elle parle, déjà
Ni oui, ni non, simplement là.

 

Inerte

Je suis un râle dans la vie,
Une sorte de fêlure abstraite et macabre,
A l'inverse de pégase je rampe dans les dunes
et recherche enfin le testament de mon âme.

Je ne veux rien, je ne veux rien d'autre que de l'hydrogène,
Je veux qu'une hydre se tienne perpendiculairement au mur,
Je veux qu'une crevasse s'ouvre dans le sable
Pour laisser s'échapper ce petit monstre qu'il renferme,

Je suis à bout, dans une fosse et dans le nerf du ciel,
Dans le cachot éternel du fossile qui revient ;
Le fossile revient, toujours, quand on dort, quand on somnole.
Il faut remuer les corps et réveiller la vie tous les matins.

L'inerte enfin l'inerte, cette pâle caricature de la vie,
Inerte tel un pauvre caillou,
Pauvre caillou, pauvres grains de sable, réveillez-vous
Réveillez les volcans !




Avril 2007 lipsheim.org